Je fis un bond en arrière quand je compris que c'était bel et bien mon anniversaire. Le premier jour de l'hiver. Je réalisai alors que je devais absolument partir le plus tôt possible, avant que les tempêtes ne commencent à déferler sur l'Alagaësia. Devin me tendit un morceaux de pain et nous attelâmes mon cheval sans plus attendre. Une fois prêt à partir, Devin m'adressa une dernière fois la parole.
- Je suis navré de ne pas pouvoir venir avec toi Milan, mais la ville aura besoin de mon aide afin de prévenir les attaque d'Urgals. Soit prudent, ne fait confiance à personne et ne t'égares pas. Suit le Ninor jusqu'à Yazuac puis rend toi jusqu'à l'Anora. Rendu là, tu sauras quoi faire. Prends ces quelques pièces et utilise-les sagement.
- Merci mon oncle, répondis-je, attristé de devoir le quitter si tôt.
Enfin, Tyrael (je l'ai baptisé finalement) et moi partîmes au galop et, rapidement, Daret ne ressembla plus qu'à un petit point sur l'horizon derrière moi. Quelques temps après que le soleil eut franchi son zénith, je m'arrêtai pour laisser mon cheval s'abreuver dans le Ninor. Même si la traversée de l'immense vallée qui séparait Urû'baen avait prit beaucoup de temps, le voyage semblait se dérouler un peu plus lentement qu'à l'habitude. Peut-être car j'avais très hâte d'arriver à mon ancien village. Je voyais en avant que le fleuve courbait vers l'ouest, ce qui voulait dire que Yazuac n'était plus très loin.
Le Ninor coulait doucement, m'accompagnant de sa vague mélodie, il m'apaisait et j'en profitais. Un sentiment me disait que le voyage allait se corser lorsque le climat allait se bouleverser. L'obscurité arriva rapidement et j'aperçus une très faible lumière vaciller au loin. Je m'installai entre deux bosquets afin de dormir paisiblement et attachai Tyrael à un arbre un peu plus près du fleuve pour qu'il puisse boire à souhait.
Quelque chose me réveilla durant la nuit. J'entendis des hurlements et vis des torches allumées un peu plus loin à ma gauche. Ce n'était pas des voix humaines, mais bien celles d'Urgals. De mon emplacement, je pus discerner qu'ils étaient une quinzaine. Ça devait être des éclaireurs ou un petit groupe qui s'était éloigné de la troupe, car à mon souvenir, les Urgals étaient beaucoup plus nombreux par formations. Je fis attention à ne pas faire un son ou un mouvement et heureusement, Tyrael dormait derrière son arbre. Les Urgals passèrent tout droit sans s'arrêter et je pus me rendormir, même si au fond de moi je redoutais qu'une autre horde ne s'amène par ici.
Au petit matin, le ciel était gris et le vent rageait dans mes oreilles. Je décidai finalement de prendre mon petit déjeuner avant de partir vers Yazuac.
Une fois rassasié, je montai Tyrael et nous nous dirigeâmes vers l'entrée du village.
Lorsque que nous entrâmes, je vis tout de suite que quelque chose n'allait pas. Une odeur particulière volait dans l'air et le silence plombait sur les environs. Mais ce n'est lorsque j'arrivai au c½ur du village que je constatai l'horreur.
Je jurai et mon déjeuner me monta à la gorge. À quelques pas de moi s'élevait un amoncellement de cadavres aux vêtements gorgés de sang. Des hommes tranchés sans pitié, des femmes sans vie qui tenaient des enfants dans leurs bras. Des couples déchirés par la mort et par des flèches noires. Personne n'avait été épargné, sauf un petit garçon aux deux jambes cassées, à côté de son petit frère âgé d'à peine quelques mois dont le torse était transpercé d'une lance acérée. Il me regardait sans voix, les yeux injectés de rouge. Il tenta de me dire quelque chose, mais il s'étouffa et cracha une marrée de sang. Il me tendit la main dans un effort surhumain. Je descendis de ma monture et me penchai pour la saisir. Il murmura un seul petit mot, qui voulait tout dire.
«...Ur-g-gals...»
Puis dans un dernier soupir, il s'affaissa et tomba étendu sur le sol où gisait le reste de son village.
Une larme coula sur ma joue et tomba dans ma bouche.
Un goût amer me parcourut la gorge et des spasmes me firent sursauter.
Je ne devais pas rester ici, il y avait sûrement d'autres Urgals dans les parages. Je remontai Tyrael puis nous partîmes à toute vitesse, laissant derrière ce village devenu cimetière.
crasyblog8, Posté le mercredi 10 juin 2009 05:23
j'aime bien ce chapitre, mais il est triste, surtout quandle petit garçon décète !!!!